Bonjour, Monsieur Vincent

 

Comme convenu lors de notre conversation téléphonique, je vous fais parvenir  un petit texte sur mon papa Bernard Mougeot.

Papa, nous a quitté au mois d’avril 2009, que vous dire sinon que c’est pour moi une très grande perte. J’étais très proche de mon père et nous ne nous sommes jamais quittés.

Papa adorait  ses filles et ses petits-enfants, il était toujours très soucieux de tous, pas un jour ne passait sans un coup de téléphone. Papa avait aussi beaucoup d’affection pour sa sœur Meyriem et mes deux cousins Jean-Alain et Robert que vous connaissez bien et qui étaient comme ses fils.

Papa évoquait très souvent Aïn Seynour, mon émotion fut très grande lorsque après sa mort j’ai découvert le texte qu’il avait écrit à propos du village sur votre site.

Je dois dire que, lorsque nous déjeunions ensemble le dimanche souvent il évoquait son enfance à Aïn Seynour, ses jeux, les farces qu’il faisait, ses copains d’enfance, les amis de mes grands-parents. Ainsi moi qui n’ai  pas de souvenirs de cette période, j’ai dans la tête des noms sur lesquels je ne peux pas mettre de visages, les demoiselles Rouget, Nano Buatois…..où des lieux devenus presque mythiques pour moi comme le jardin d’Aïn Seynour que ma grand-mère cultivait avec l’aide précieuse de Younis.

Avec le temps la tristesse du départ était peut-être moins vive et, sans doute, préférait-il ne penser qu’aux bons moments passés là-bas.

Je sais qu’il aurait aimé écrire ses souvenirs, souvent il nous disait : «  Enregistrez-moi, j’ai beaucoup de choses à vous raconter sur mon enfance, je pourrais écrire un livre ! », je regrette énormément de ne pas l’avoir fait.

En 1962, mes parents se sont installés en Franche-Comté ou vivait la famille de ma maman, plus précisément à Besançon.

La Franche-Comté est une belle région mais assez austère et froide et comme pour tous il fallait bien repartir à zéro. Mes grands-parents Mougeot étaient installés dans la région parisienne et papa qui était très famille s’est retrouvé éloigné des siens.

Inutiles de vous dire à quel point les premières années en Franche-Comté ont été difficiles,

Ce fut de toute manière le lot commun à tous.

Papa adorait la nature et je crois bien que c’est ce qui l’a aidé à remonter la pente, il travaillait beaucoup dans son cabinet dentaire, mais dès qu’il le pouvait il allait à la chasse et à la pêche.

La Franche-Comté est un pays de forêts et de très belles rivières, il a donc appris à pêcher à la mouche et il a pu chasser, bref papa m’a toujours dit que dans les moments de cafard la nature l’a toujours consolé et aidé à repartir. Il lui arrivait à la belle saison de se lever à 4h du matin pour aller pêcher et être de retour à 9h pour travailler au cabinet, il était comme ça plein de vitalité !

Il s’occupait énormément de ma sœur et de moi jusqu’au petit déjeuner du matin que nous prenions ensemble.

Papa était un très bon dentiste dévoué à sa clientèle, il s’est donné à fond dans son métier et pour ses clients, au moment ou il nous a quitté j’ai eu des témoignages très touchants de ses premiers clients qui m’ont rappelé à quel point il était soucieux de faire un excellent travail, multipliant les stages pour être à la pointe de la technique.

Quelques jours avant son départ il disait au personnel de la clinique : « j’ai adoré mon métier ! » c’est bien de partir en ayant conscience d’avoir fait pour le mieux.

Il y a quelque temps j’ai retrouvé dans les affaires de papa des négatifs qui ont appartenu à mon grand-père Jean et dont les tirages sur papier n’existent plus.

Ce fut pour moi un très grand plaisir et une belle émotion de découvrir des photos de papa petit avec sa sœur et ses parents. Pour beaucoup d’entre elles ces photos sont prises à Ain Seymour, je vais vous les faire parvenir, il est possible que certaines personnes se reconnaissent ou reconnaissent des parents, je serais très heureuse si il y a des réactions.

Dernièrement j’ai eu le plaisir d’avoir Jean Butais au téléphone, je lui ai dit à quel point papa pensait à lui. De son côté Jean m’a raconté des anecdotes que je ne connaissais pas en particulier une histoire de chasse à la hyène du côté d’Aïn Seymour qui nous a fait bien rire.

Voila cher monsieur Vincent vous pouvez comprendre à quel point ma maman, ma sœur et moi sommes tristes  et comme il nous manque , je voulais encore vous dire ceci :

Papa voulait absolument écrire quelque chose sur son père pour votre site, mais il n’a pas eu le temps,  je pense donc faire avec l’aide de mes deux cousins un petit texte que je vous ferai parvenir bientôt.

En attendant  pour vous et nos amis d’Ain Seynour, toutes mes amitiés.

 

Frédérique Coobar