FAMILLE  BICHARD Georges

 

Nous sommes arrivés à AÏN SEYNOUR  en juin 1954 .mon mari venait d être nommé moniteur de D.R.S (défense et restauration des sols).c ‘était une annexe des Eaux et Forets  notre fils aîné Denis avait 20 jours .nous étions logés dans l’ancienne auberge (mon Auberge) ;nous avons remplacé les Noury ;l’ingénieur était Mr Vinciguerra le jour de notre arrivée c’était le jour des battages ;çà se passait dans le champ des Vincent,au bord de la  route .c ‘était à l’époque les chevaux qui battaient le  blé. j ‘arrivais de la ville,je n’avais jamais vu des travaux de ce genre  Si je me souviens bien,le maire du moment était Mr Maurice Vincent ;le garde champêtre Mr  Aubanel ,il avait une grande fille qui s’appelait Gilda la vie se passait paisiblement ,au début mon mari avait les chantiers autour d’AÏN  SEYNOUR. le Rezgoun et autres .Nous allions chercher avant de se mettre à table ,l’eau de selz,toujours avec la même bouteille pour qu’elle devienne couleur de la rouille puisque l’eau était ferrugineuse ;le soir le lait chez Mr Vincent

Au dessus de notre maison ; il y avait la ferme des demoiselles  ROUGER  elles avaient un troupeau de dindons blancs qui étaient lâchés dans le pré. .au village il y avait une petite épicerie tenue par Mr Sultana ; la poste ; l’école, je ne connaissais pas les enseignants de l’époque,je n’avais pas d’enfant scolarisé.  Le jour di 1 novembre, ma famille était venue de Bône ; nous avions passé une bonne journée .le soir le Maire est arrivé ;il avait un fusil ;il nous a dit qu’il y avait des émeutes ;qu’il était prudent de rester chez soi et d’être vigilant et là le cauchemar a commencé toutes les nuits des fermes aux alentours de Souk Ahras  étaient brûlées  l’étau se resserrait toutes les nuits autour du village ;on allait se coucher avec la peur au ventre .la D.R.S avait attribué une moto à mon mariet ses chantiers étaient très éloignés ;il partait tous les jours à 5 heures du matin pour se rendre à Ain Zena ;à la frontière Tunisienne ;prés de Sakiet –Sidi  Youcef

Le 14 septembre 1955 Martine est née .trois semaines après nous l’avons baptisée à la petite chapelle d’AÏN SEYNOUR .il a fallu aller chercher le curé avec une escorte militaire .le curé était l’abbé Lafond .les parrain et marraine étaient remplacés par Henri Vincent et Geneviève car on ne voyageait plus, c’était trop dangereux. Environ un mois et demi plus tard ; en rentrant du travail mon mari me dit je suis rappelé par l’armé au titre des réservistes ;il faut que je sois à Bône demain matin à la caserne Yusuf nous sommes allés voir Mr Vincent qui nous a rassurés en disant qu’il y avait certainement une erreur ;qu’avec deux enfants il n’était pas mobilisable .malheureusement ça a duré six  mois. j ‘étais chez mes parents avec les deux enfants et lui était à Morris ;il gardait le domaine Bertagna .entre temps l’armée a occupé notre maison ;le deuxième étage ;le jardin et la cour .il y avait des tentes de partout ;des véhicules ;chars etc.…au mois d’Avril nous sommes rentrés ;la maison était infecte ;les chiottes du haut avaient débordé dans mon appartement ;les meubles baignaient dans le jus  tout çà n’était pas grave ;çà n’était pas agréable mais nous avions l’armé ;on était protégé au mos de décembre 1956 nous avons été rapatriés à Souk Ahras ;les ingénieurs et les chefs étaient rentrés en métropole il ne restait que mon mari pour faire le boulot ;j’ai même fait la secrétaire. Nous avons réintégré AÏN  SEYNOURr en octobre 1959 pour la rentrée  scolaire de DENIS

La S.A.S qui était dirigée par le commandant Duthil  avait construit des baraquements en face de l’école afin de scolariser tous les enfants de la commune .en octobre 1959 Denis a fait son entré scolaire ; le cours préparatoire durait 2 ans ; c’était le cours d’initiation pour apprendre à parler français aux petits arabes .il y avait 5 enseignants : Mr  De Foy un militaire Mme Ménard (femme de militaire) Mne Duviller (femme de militaire) et les deux Simoni

Georgine est née en mai 1960 .la vie était un peu plus calme,les militaires étaient installés au « Petit Cheminot « et à la ferme des demoiselles Rouger ; Mme Duthil faisait l’infirmière ,elle allait dans les gourbis pour soigner les enfants  en 1961 les Teton  sont venus habiter au second étage de notre maison ;il était chef de district

Puis les accords d’EVIAN ont précipité la fin de  L’ ALGERIE  FRANCAISE  le 19 mars 1962 le cessez le feu est signé ; tous les fellaghas sont rentrés aux cris de « ya  ya Ben  Bella  <

Les administrations ont distribué les dossiers de mutation pour les gens qui voulaient être rapatriés la panique a commencé

Nous avons demandé la mutation pour les Hautes Alpes  où nous avions de la famille ; nous sommes partis le 22 août 1962 sans attendre notre mutation ;en emportant tout notre mobilier ;c était toute notre richesse .nous sommes restés un mois à Gap ;puis mon mari est retourné à AÏN SEYNOUR  jusqu’au mois de novembre

Nous sommes toujours restés dans les Hautes Alpes ; dans la vallée du Champsaur ;il a fallu se faire connaître ;ça n’a pas été simple tous les jours quarante et un an sont passés .pendant 20 ans j’ai rêvé de la guerre

Mr et Mme  Vincent sont décédés ; mon mari a suivi .les Simoni sont restés une vingtaine d’années à Bône ; ils sont maintenant en Nouvelle Calédonie .les Tétons  sont dans la Drôme